lundi 1 décembre 2014

Retour d’expérience: Startup Weekend Lille (#SWLille) @ Euratechnologies 21-23/11/2014

Retour d’expérience: Startup Weekend Lille (#SWLille) @ Euratechnologies 21-23/11/2014 

J’ai eu la chance d’être invité au startup weekend de Lille du 21 au 23 novembre à Euratechnologies pour être mentor des équipes; les aider à développer leurs idées et à pitcher devant le jury. Voici mon point de vue sur l’évènement. 

Mais qu’est ce que je fais là???
Je ne pense pas avoir le bon profil pour coacher les équipes, je ne suis pas entrepreneur et je n’ai participé ‘que’ à quelques Startup Weekends et Hackathons, mais bon puisqu’on me le propose, je me dis pourquoi pas, je dois bien pouvoir être utile et ça sera l’occasion de récupérer des infos précieuses pour organiser le startup weekend de mon entreprise Adeo! 

L’organisation
C’est l’association Startnup de l’école centrale de lille qui organise l’évènement, ce sont donc des étudiants de Centrale et de l’Iteem qui organisent la logistique. Startup Weekend c’est un réseau d’entrepreneurs mondial financé par Google for Entrepreneurs qui a pour mission d'inspirer, d'éduquer et responsabiliser les individus, les équipes et les communautés sur l’entrepreneriat. Pour déployer le concept partout dans le monde, ils s’appuient sur un réseau de bénévoles qui organisent des SW en respectant une charte, un marketing et un mode opératoire mis à dispsition par SW. 

Les participants
Les participants sont de tous horizons, issus d’école de commerce, d’ingénieur, d’entrepreneur, collaborateurs en startup, en grande entreprise, indépendants, graphistes, développeurs, chef d’entreprise, styliste… Ca créé une ambiance particulière; festive, jeune et décalée par rapport à ce que j’ai l’habitude de vivre par ailleurs. 

Le programme
Le déroulement est le suivant; à partir du vendredi soir 19h, pitch des idées, vote par les participants, sélection des 12 premières idées, création des équipes, dodo, samedi dédié au travail en équipe et à quelques mini conférences sur le financement des startups et des retours d’expérience, dimanche dédié à la préparation du pitch devant le jury, jury à 17h et annonce des gagnants vers 19h, puis apéro dinatoire. 

Les mentors
Le rôle du coach/mentor est simple: se rendre disponible pour aider les équipes à donner le meilleur d’eux même et de leurs idées. Ils viennent également d’horizons différents, du droit, de startups, du monde de l’entreprenariat, de la technique, du monde universitaire. Mais ils ont tous un point commun, ils sont à l’écoute, ont envie de donner leur énergie aux créateurs, ils ont tous des convictions et des avis tranchés dans la création d’entreprise et aucun n’a sa langue dans sa poche!

Le lancement avec les facilitateurs
Pour aider à l’organisation des SW, il y a des facilitateurs, des habitués des SW branchés sur du 220 volts et gavés de stéroïdes, qui ont pour hobbie de mettre le feu dans les SW partout où ils le peuvent. Ce sont eux qui présentent le planning, les règles et lancent le top départ des 54h de folies qui s’annoncent. On démarre avec un “ice breaker”, un jeu pour briser la glace entre les participants, avec des règles simples, un pierre feuille ciseaux, celui qui gagne la partie gagne également un supporter, le perdant, qui devra l’encourager lors de ses futurs matchs et le jeu continue jusqu’à ce qu’il ne reste plus que 2 combattants supportés chacun par une horde de supporters en furie massés derrière eux et hurlants des encouragements incompréhensibles. Chaude ambiance pour démarrer.

Les pitchs
On a eu le droit à une bonne trentaine de pitchs, tous très différents. Certains super bien préparés, des ratés, des très innovants, des copier-coller, des startups déjà créées (???), des improvisés, des mous, des funs, des sexysssssss, des poilus… Bref, il y en a eu pour tous les goûts! Mais à la fin des pitchs, je n’avais pas le sentiment d’avoir entendu une seule idée qui se dégageait franchement du lot (en bien), et surtout un bon nombre d’idée ressemblaient étrangement à d’autres idées déjà existantes ou déjà proposées dans d’autres SW ou bien semblaient tout simplement vouées à l’échec. Pourtant, la suite allait me contredire!
Des exemples de pitch en vrac: 
-MySuperHero est un site web pour proposer d’imprimer sa propre figurine de super héros à son effigie => Pitch très péchu. Mais après une recherche en ligne; cette idée existe déjà… depuis >2 ans! 
-GeoPic est une solution de mise en ligne de ses photos pour les organiser et les trier par date et par lieux => WTF il n’y a pas déjà assez d’outils de ce genre??? (à suivre) 
-MyPrincess 2.0 est une plateforme de location de robes de jeunes créateurs à prix abordable => déjà vu sur TF1 dans 7 à 8… mauvais signe car la télévision est loin d’être réactive pour traiter des sujets d’innovation AMHA. (à suivre)
-FindPhotograph est une plateforme pour trouver un… photographe. Révolutionnaire!!! Mais très bien pitchée. 

Et bien malgré cette petite déception en fin de pitchs, ce n’est pas grave du tout! Non seulement, les idées vont évoluées pendant le weekend et c’est souvent bon signe quand c’est le cas, personne ne sait ce qui fonctionnera demain, mais surtout ce n’est pas parce que une idée existe déjà que vous ne pouvez pas faire mieux, plus vite, plus loin, lever plus de fonds et devenir leader du marché… Enfin sauf si vous voulez concurrencer Facebook ou Google Search… Du coup, l’auditoire se faire un plaisir de dire à voix “basse” quand il repère qu’une idée est proche d’une autre idée existante. C’est le jeu de celui qui s’y connaît le mieux en startup. 

Au moins la moitié des pitchs font des références à des startups existantes, en mettant en avant que l’idée sera le Airbnb de la jardinerie ou le Uber de la médecine… je n’aime pas trop entendre ça, je préfère les projets qui inventent un nouveau concept sans copier des mécaniques existantes, je trouve que c’est plus intéressant, plus prometteur. Certains pitchs font beaucoup rire, parfois malgré eux car l’idée est tout simplement loufoque ou improbable. L’exercice de style est intéressant en soit, du coup certains se lancent à pitcher une idée qui leur trotte dans la tête sans vouloir gagner, simplement pour voir si ils en sont capables. Les facilitateurs désignent des personnes pour pitcher une idée en totale improvisation, ça commence à déraper. J’aime. 

Bref, le pitch fire est un bon moment du weekend et ce n’est que le début! 

Les votes
Chaque porteur d’idée à un gobelet et les participants ont 3 jetons qu’ils doivent mettre dans les gobelets de leurs idées préférées. (Ça me rappelle beaucoup notre Hackathon). Ça discute autour d’une bière, on échange des jetons, il y a un énorme brouha. Puis c’est l’annonce des idées retenues pour le weekend. Il a quelques déçus, mais ils se greffent à d’autres idées et après quelques minutes, les équipes sont constituées.

Au boulot!
Le samedi, les équipes sont réparties dans 6 salles, il y a 2 à 3 équipes par salle. Tout le monde bosse dur, mais les équipes n’avancent pas toutes au même rythme, fonction de leur expérience en SW, de la maturité de l’idée… nous ne sommes pas égaux devant les taches à accomplir lors d’un SW: lean startup, étude de marché, lean canvas, sondages, mockups, prototypage… Ca fait beaucoup de chose à apprendre d’un coup si on n’a pas un peu d’expérience en SW. En tant que mentors, on tente une approche dans les équipes pour les aider mais elles sont peu nombreuses à sentir le besoin de se faire aider. Pour certains, passer du temps avec un mentor c’est risquer de perdre du temps plutôt que d’avancer dans ses tâches à faire. Parfois c’est justifié car ils avancent vite, dans la bonne direction car il y a quelques expérimentés dans l'entreprenariat. Pour d’autres, c’est une erreur, ils vont dans une mauvaise direction, on le sent mais ce n’est pas grave, mieux vaut se vautrer dans un SW que dans le projet de sa vie.

Un repas chaud et ça repart!
Le temps se faisant un peu long, une petite équipes se forme entre les mentors techniques et les facilitateurs. On s’occupe en codant un robot twitter qui répond à toutes personnes utilisant le hashtag #SWLille soit en lui envoyant une photo de chaton, soit en lui envoyant un chuck norris fact… on se marre bien, j’en profite pour découvrir quelques librairies nodeJS intéressantes comme twit, le client node pour twitter, ou encore la plateforme d’échange slack.com, la plateforme cloud RunAbove.com d’OVH… on mèle l’utile à l’agréable avec un soupçon de n’importe quoi car le robot en question n’est pas un exemple d’utilité publique.

Pendant l’après midi, quelques équipes ont besoin d’aide et viennent nous chercher. On challenge l’idée, le business plan, la manière dont ils veulent interagir avec leurs utilisateurs, la monétisation, leur manière de prototyper. Pour certaines équipes, ce n’est pas facile à vivre de se faire reprendre, certains se braquent, d’autres rebondissent et changent leur approche, se remettent en question. On debug quelques lignes de codes, un peu d’HTML, du Java, de l’ios… rien de bien méchant. 

Le samedi soir, certaines équipes restent jusque 23h puis se dispersent, certains travailleront jusqu’au bout de la nuit. 

Le dimanche, je n’arrive qu’à midi et déjà on sent une effervescence différente de la veille, un stress s’est répandu parmi les candidats à l’incubation. Les mentors sont tous très demandés, et là où la veille on était perçu comme une pure perte de temps par certains, on nous demande de l’aide sur tous les fronts. Quelques questions techniques: “Comment faire une landing page?” “On n’arrive pas à aligner ces widgets dans wordpress” “Comment présenter sa startup en 4 minutes face au jury?”. Quelques questions de fond: “Est-ce que l’idée peut se décliner dans d’autres secteurs d’activité?” “Quels objectifs avoir pour l’expansion à l’international?” “Quel partenaires cibler en priorité?” 

Plusieurs équipes répètent leurs pitchs un peu partout, en boucle, avec de plus en plus de sérieux et d’entrain. Ca prend forme. La pression monte. Puis vient le moment de tester la projection dans le grand amphi de 400+ places. Des curieux et des invités commencent à arriver, on sent qu’ont approche du but. Il est 17h, rien de ne va plus, tout le monde s’installe dans l’amphi. Le jury est là, devant. 

Le jury
Il est constitué de personnalités du monde des startups avec le fondateur de CoworkingLille / Mutualab Emmanuel Duvette, du créateur de Chronodrive Martin Toulemonde, du responsable incubation d’Euratech Samuel Tapin et d’un directeur de marché chez Sopra, Fabien Villeminot. On ne les a pas vu du weekend, c’est le jeu, car ils se réservent pour le grand soir. Leur rôle est de poser des questions aux participants pour bien comprendre le fonctionnement de la startup, comment elle va se développer et pour appuyer là où l’idée à des faiblesses pour challenger l’équipe. 

Les pitchs finaux
Après quelques minutes pour chauffer la salle par nos facilitateurs, chaque équipe à 8 minutes en tout pour convaincre le jury. 4 minutes pour présenter leur concept. 4 minutes de question réponse avec le jury. Les équipes défilent et le jury ne fait pas dans la dentelle, certaines idées ressortent de scène avec un uppercut dans l’estomac, ça sent le roussi. Par exemple, pour l’équipe Warmbox se voit poser une question technique sur comment ils comptent s’assurer qu’il est bien possible de réchauffer un plat préparé avec une simple batterie (rires dans la salle) et la réponse est: “On ne sait pas, on n’a pas de profil technique...”. L’équipe des Cachotières a le droit à une question piquante: “Comment ça se fait que vous fassiez si peu de chiffre alors que vous faites tout le travail?” Réponse étayée et pertinente listant les différentes dépenses inflexibles à prévoir. 

Le jury est fort, il est assez difficile de voir dans leur jeu, impossible de savoir quelles sont les idées qu’ils vont retenir comme trio gagnant. 

Les gagnants
Après les délibérations, le jury annonce les gagnants: 
  • La part du gâteau, le dîner collaboratif, ou comment faciliter l’organisation d’un dîner à domicile entre amis en répartissant les courses et les taches à faire. 
  • Les cachotières, un service de location de robes de créateurs à tarifs abordables 
  • GeoPic Média, une plateforme de mise en relation entre participants à des évènements qui prennent des photos et des annonceurs souhaitant utiliser les clichés pour des placements publicitaires ou des médias souhaitant illustrer leurs articles. Cette idée à complétement revirée pendant le weekend, et ils ont eu raison, cela leur a permis de gagner la 3ème place! 
Une photo souvenir et à bientôt

La Global Startup Battle
Un concours mondial avait lieu pendant le SWLille. Cela consistait en une bataille de tweets opposants les différentes équipes des SW partout dans le monde. 

L’objectif était de collecter le plus de tweets contenant le hashtag de son évènement, par exemple #SWLille. Les RT étaient comptabilisés et les photos comptaient doubles! C’était clairement pas un jeu qui demandait beaucoup de finesse mais il fallait avoir la plus grande capacité à fédérer un maximum de personnes pour les faire tweeter pendant un temps record le hastag en question. 

Et à ce jeu, les français se sont placés aux 1ère, 3eme et 5ème places avec les SW* respectifs de Toulon, Lyon et Lille. La bataille a fait rage avec l’Egypte et la Jordanie qui ont terminé 2ème et 4ème. 

Mais en regardant le classement en ligne, je vois que le classement a continuer d’évoluer après la fin du concours… on verra bien qui gagne au bout du compte mais la France montre une grande capacité à se mobilier et à tweeter en masse... 



Mon retour d’expérience
J’ai passé un excellent weekend, j’ai fais de très bonnes rencontres, je me suis senti plus utile que je ne le pensait. Ça fait plaisir de se voir remercier spontanément à la fin du weekend par des participants. 

J’ai pu retirer plein de bonnes choses de ce SW: 
  • Il n’y a pas règles pour deviner quelles seront les startups gagnantes à la fin du weekend. Tout tient dans l’équipe et sa capacité à produire une présentation convaincante devant le jury. Je pense qu’il est possible de gagner un SW en pitchant une idée basée sur un bot twitter qui envoie des chats. Sincèrement! 
  • Mettre de côté la technique pour vérifier la faisabilité de l’idée est voué à l’échec, le jury ne le laissera pas passer. 
  • Avoir une offre trop étoffée, trop complexe ne rassurera pas le jury. Plus c’est simple, plus ça plaît! 
  • Trop d’équipe ont du bâcler leur présentation sur la fin par manque de temps. Ca manquait de préparation et de chronométrage en amont. Passer du temps à présenter votre super équipe de tueur est sympa mais vous risquez fort de frustrer le jury. 
  • Pour gagner, la présentation doit être féerique et doit envoyer du lourd. Il faut qu’on se croit devant un Spielberg en pleine scène d’action avec des décors et des perspectives à couper le souffle. 
  • Annoncer des chiffres de réalisons de chiffre d’affaire en millions d’euros après seulement quelques mois d’activité ne va pas plaire au jury, il va venir vous chercher sur ce sujet pour comprendre d’où viennent vos chiffres. Soyez préparés! 
  • La moitié du travail réalisé pendant le weekend ne servira pas lors de la présentation finale, peut être même plus, il y a énormément de déperdition d’énergie. Ca fait partie du jeu. Mais je pense que les équipes pourraient optimiser leur temps d’action si elles se préparaient un peu mieux. Passer quelques minutes sur internet avant l'event.
  • Un prototype n’est pas nécessaire pour gagner mais en avoir un permet de gagner des points précieux. 


Pourquoi faire un SW ? 
99% des participants retournent à leur quotidien après un SW, une infime minorité démarrera réellement leur nouvelle semaine dans la peau d’un entrepreneur. 

Il y a très peu de chance que vous démarriez votre activité de startuper à la suite du SW. Moins de 5% des idées travaillées en SW deviennent des entreprises viables. Même si on peut trouver des chiffres contradictoires sur le net, les afficionados des SW savent que c’est très très rare. 

La finalité d’un SW n’est pas de démarrer son activité! Le but est purement pédagogique! C’est une expérience qui permet de comprendre (un peu) le fonctionnement de l’écosystème des startups. Vous en ressortirez avec un réseau étendu avec plein de personnes aux profils complètement différents. Sortir de son environnement permet également de prendre du recul sur son quotidien et d’échanger avec des personnes qui vivent complètement autre chose dans un contexte différent. Vous aurez perdu un weekend de repos mais vous repartirez reboosté avec plein d’étoiles dans les yeux. Attention à l'atterrissage le lundi matin au bureau, ça pique fort! 

Je remercie l’équipe d’organisation de Startnup pour leur invitation. 

J’espère pouvoir refaire un SW bientôt, peut être en participant la prochaine fois pour me confronter au challenge de l’autre côté du miroir.

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